La Nativité de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus-Christ

par | Déc 22, 2022 | actualité | 0 commentaires

 

Article publié dans le n° 111 – janvier-février 2022 du journal paroissial catholiqueLe Carillon (Paroisse de Souvigny). 

Alors que nous allons vivre en janvier la semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier), Le Carillon a demandé à Éric Prat, prêtre de l’Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale(1), desservant à Vichy la paroisse du Christ Sauveur et de la Dormition de la Mère de Dieu(2) , de nous présenter la période autour de Noël dans la tradition orthodoxe.
Dans notre société moderne de plus en plus déchristianisée, où Noël se réduit à un sapin, un repas familial et des cadeaux, la tradition chrétienne orthodoxe s’attache à transmettre le message essentiel de la Nativité : le Fils unique et Verbe de Dieu s’est incarné du Saint-Esprit et de la vierge Marie, et s’est fait homme.


La période avant Noël
Dans l’Église orthodoxe, la période avant Noël(3) commence par un jour de jeûne (15 novembre) et dure quarante jours(4). C’est un temps d’attente et de sobriété(5) afin de se préparer dignement à la venue du Sauveur. Au début de cette période (21 novembre), nous célébrons la Présentation au Temple de la vierge Marie, qui a été consacrée, dès le début, en vertu de sa pureté et de son humilité, à devenir la Mère de Dieu.
Ensuite, la fête de saint Nicolas le thaumaturge (6 décembre), une grande et populaire figure spirituelle du monde orthodoxe, nous apporte le message d’un christianisme résolument tourné vers le secours du prochain.
À l’approche de la Nativité, nous célébrons le dimanche des ancêtres du Seigneur (entre le 11 et le 17 décembre), qui fait mémoire des patriarches et des prophètes de l’Ancien Testament ayant annoncé la venue du Messie, puis le dimanche des Pères (entre le 18 et 24 décembre), qui nous présente Jésus comme le descendant d’une longue lignée récapitulant notre histoire collective et personnelle.

L’icône de la Nativité
L’icône de la Nativité nous introduit au grand mystère du Verbe qui s’est fait chair. Au centre, une grotte symbolise les ténèbres du monde, avec l’enfant emmailloté préfigurant sa mise au tombeau. Du haut des cieux descendent trois rayons de lumière, à l’image de la Trinité, pour manifester la nature divine du Christ. En dessous, la vierge Marie, allongée, témoigne de la nature humaine du Christ. Au bas de l’icône, Joseph médite sur la réalité de cet enfant dont il n’est pas le père biologique(6). De l’autre côté, des « sages »-femmes donnent le bain au nouveau né, préfigurant ici le baptême du Christ.
L’universalité de l’événement est soulignée par la présence des anges (le monde céleste), des bergers et des mages (le monde terrestre). Les mages apportent l’or, l’encens et la myrrhe, reconnaissant par là que le Christ est bien le grand Roi, Prêtre et Prophète attendu par l’humanité.

 

Épiphanie ou Théophanie
Dans l’Église orthodoxe, la Théophanie(7) (6 janvier) célèbre la manifestation du Dieu trinitaire et le baptême du Christ qui, par sa descente dans le Jourdain, a sanctifié les eaux et le cosmos.
Les orthodoxes voient ainsi ces deux fêtes rapprochées, la Nativité (témoignage de la nature pleinement humaine du Christ) et la Théophanie (manifestation de sa nature pleinement divine), comme une seule et même période inaugurant notre salut :Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.

 

 

Père Éric

 

1. https://archeveche.eu
2. https://paroissechristsauveur.com
3. Par commodité ici, nous suivons le calendrier grégorien en usage pour les fêtes fixes
dans les Églises orthodoxes (Grèce, Roumanie, Bulgarie, etc.), avec le 25 décembre
comme date fixe pour la Nativité. Sachant que d’autres juridictions orthodoxes (Russie,
Serbie, Jérusalem, etc.) ont gardé l’ancien calendrier (julien) et fêtent Noël le 7 janvier.
4. Comme le Grand Carême qui prépare à Pâques, mais en moins strict.
5. Et non pas une période de festivités comme le propose notre société de consommation
actuelle.
6. Nous sommes loin de certaines images d’une «sainte famille» où Joseph enlace paternellement Marie et l’enfant Jésus.
7. À la différence de l’Épiphanie catholique, l’adoration de Jésus par les mages reste, pour les orientaux, un épisode attaché à la Nativité et ne fait pas l’objet d’une fête particulière.